Un lieu d’animation pour l’écologie sociale et culturelle

S’il existe de multiples dispositifs et activités centrés sur l’environnementalisme (le Conservatoire d’Espaces Naturels Centre Val de Loire en est un bel exemple), l’écologie sociale et culturelle est moins connue. Ce que nous entendons par “écologie sociale et culturelle”, c’est un ensemble de réflexions portant sur la nature qui sont portées par les sciences sociales ainsi que par le monde associatif. En effet, s’il est vrai que la crise environnementale majeure que nous traversons (changement climatique global, érosion de la biodiversité, etc.) est d’origine anthropique, alors on ne peut pas comprendre et agir à partir du seul point de vue de l’écologie scientifique naturaliste : il est nécessaire d’élargir la réflexion et le débat aux dimensions sociales et culturelles de cette crise.

Un lieu d’animation pour l’écologie sociale et culturelle permet de rassembler des habitants, des chercheurs, des artistes et des activistes autour d’une diversité de thèmes. Nous pensons notamment au thème du paysage qui est fédérateur, inspirant, et qui au cours de l’histoire a mobilisé des personnes et des institutions très différentes : artistes, intellectuels, naturalistes, amateurs et amoureux des sites, institutions publiques, administrations locales, etc.[1]

L’exemple du paysage permet d’expliciter ici ce que l’on entend par “écologie sociale”. Nous prenons le terme de “paysage” dans un sens très étendu : un jardin est un paysage, un enclos aussi, ou encore une route, une rue, un bâtiment, un espace naturel habité et transformé, etc. Ces transformations peuvent être volontaires ou subies, sensibles ou non pour des entités très différentes (animaux et habitants), perceptibles ou pas à des échelles elles-mêmes diverses. Les thèmes suivants seront traités par des conférences, des débats, des projections vidéo, des visites du site des Loups et des îles de Bonny ou encore des expositions :

  • Arts et la littérature. Il existe une production importante et ancienne autour du paysage en France, notamment avec les peintres de la fin du XIXe siècle. Henri Joseph Harpignies et les peintres des Loups en font partie. Des spécialistes et témoins locaux pourraient apporter des contributions (conférences et visites). La littérature a évidemment un rôle essentiel dans les imaginaires paysagers de la Loire et des territoires. Des auteurs comme Julien Gracq et Maurice Genevoix retrouvent une actualité remarquable au regard des modes d’attention écologiques portés aux milieux naturels.
  • Jardinage, naturalisme et biodiversité. Ce sont des thèmes importants, fédérateurs et complémentaires de toute écologie sociale et culturelle. Nous pourrions organiser la rencontre entre des spécialistes de la biodiversité et des pratiques associées, et les habitants, par exemple ceux ayant une pratique de jardinage. Des pratiques – anciennes ou nouvelles – de jardinage, plus attentives à la biodiversité et à des usages multiples qu’à l’esthétique de la pelouse gazonnée tondue tous les mois, sont en train de s’imposer. Des réseaux de naturalistes comme Tela Botanica préconisent ainsi un certain degré de “ré-ensauvagement” des jardins[2]. L’entretien de l’île des Loups et des îles de Bonny par des conventions avec un GAEC et un berger dans le cadre du CEN pourrait également être présenté comme un exemple, un modèle de pratiques cohérentes et inspirantes.
  • La Loire comme espace naturel sensible. La Loire n’a cessé d’inspirer des chercheurs (l’ethnographie des visiteurs de la source du Mont Gerbier des joncs par Martin de La Soudière en est un bel exemple[3]), ainsi que des peintres, des photographes, des amateurs de promenade ou de randonnées, ou encore des activistes écologistes : faune, flore, paysages sauvages ou anthropisés constituent des objets d’engagements citoyens, d’expérimentations et de controverses. C’est le cas par exemple avec le développement contemporain de l’idée d’une personnalité juridique de la Loire, ou encore avec les nouvelles pratiques de viticulture des “vins nature”. Nous proposons des soirées de projection-débat à partir de documentaires vidéo sur les paysages de la Loire et sur la diversité des engagements dont elle fait l’objet.
  • Communautés alternatives, habitat, architecture. Nous souhaitons favoriser la rencontre entre des communautés alternatives présentes le long de la Loire (ZAD du Carnet, habitats troglodytes de l’Anjou, etc.) et des modes plus traditionnels ou très récents d’habitat local, marqués par une histoire très longue et très riche.

Conscients des problèmes de précarité d’une partie de la population, nous souhaitons que toutes nos activités soient d’accès libre et gratuit, dans la limite des places disponibles et dans le respect des règles sanitaires.

[1] Nous avons dirigé la publication d’un ouvrage collectif sur le paysage en 2017 : Babou, Igor et Le Marec, Joëlle (dir.), Paysages d’énigmes. Les paysages entre actions, représentations et institutions. Paris : Éditions des Archives Contemporaines.

[2] https://www.tela-botanica.org/2020/04/comment-re-ensauvager-son-jardin/

[3] Soudière, Martin de La.  “La Loire prend sa source…” : Le site du Mont Gerbier-de-Jonc en Ardèche In : Paysage au pluriel : Pour une approche ethnologique des paysages [en ligne]. Paris : Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1995. Disponible sur Internet : http://books.openedition.org/editionsmsh/665